Petit Journal du Beaufortain
Hauteluce, Mardi 23 Juillet , c'est les vacances. Paisibles. Les cuisses tiraillent encore, les idées se font plus claires. Pas d'internet ici. Bientôt trois jours que j'ai passé la ligne de l'UTB, je n'ai aucune idée de mon classement, la vie continue. Mon chrono indique 22h35, bien loin de ce que j'imaginais.
Les conditions étaient pourtant idéales. Nous étions arrivés Jeudi soir Au prés du nant , un nid douillet et charmant, à deux pas du départ, accueillis chaleureusement par nos hôtes, Francine et Christian.
Mes perfs des dernières semaines et le dernier galop du WE precedent sur les 17 km du trail Crêtes et Cimes m'avaient convaincu que j'étais fin prêt pour aborder en toute confiance les 103 km et 6200 D+ de l'Ultra Tour du Beaufortain. Gonflé à bloc le Poucet, pas l'ombre d'un doute à l'horizon.
Le Vendredi veille de course s'etait déroulé tranquillement dans l'ambiance “bon enfant” du Tour de France, qui passait à quelques kilométres de là. Aprés quoi nous avions fait un petit crochet au plan d'eau de Queige pour récuperer le dossard et les dernières consignes. La fin d'aprés midi avait été consacrée aux derniers préparatifs. Deux autres coureurs nous avaient rejoint Auprés du Nant, dont Karine Matt et sa petite famille. Nous avons couru quelques bouts de sentier ensemble. Karine a bien mieux géré l'affaire que moi, pour terminer à une excellente quatrième place féminine.
Suis je parti trop rapidement ??? Je pense juste avoir adopté un tempo en rapport avec l'objectif que je m'étais fixé : rentrer pour l'heure du feu d'artifice. Je m'étais retrouvé par hasard en première ligne dans le Sas. Dés le départ, sur les premiers kilomètres roulants, j'ai été débordé de tous les cotés, surpris par le rythme endiablé imprimé au départ d'une épreuve aussi exigeante. J'ai marché dés les premières rampes, comme prévu ... Jamais je n'ai eu l'impression de forcer l'allure.
Mon objectif était il trop ambitieux ??? C'est possible ... Le Beaufortain c'est de la haute montagne, ça n'a rien à voir avec les 100 bornes roulantes de l'Aubrac, qui m'avaient si bien réussi au printemps. En y reflechissant bien, il faut bien reconnaitre que je n'ai jamais atteint mes objectifs sur les épreuves trés montagneuses ... Planté au Verbier et au Grand Raid l'an dernier, à la 6000D il y a deux ans ... Le trail “pur montain” c'est vraiment particulier. Le classement de l'UTB le prouve, il n'y a que de véritables montagnards dans le haut du classement.
Est ce que j'en ai trop fait cette année ??? Possible aussi ... Entre le vélo et la course, je suis souvent sur le pont. J'ai pourtant le sentiment d'avoir correctement géré les enchainements et la récupération. Je m'entraine peu, l'envie et toujours là ...
A aucun moment je n'ai eu de bonnes sensations. Dés le départ, dan l'ascension de la Roche Pourrie, c'était trés moyen. Avec déjà des tiraillements dans le bas du dos et l'impression d'avoir un chat dans la gorge ... Le dos, c'est mon talon d'achille. Même les p'tits tracas du quotidien vont souvent s'y incruster. Ce genre de douleurs n'auguraient rien de bon, probablement une crispation inconsciente. Pourquoi ??? J'étais pourtant heureux d'être au coeur du ballet de frontales, excité à l'idée des décors à venir et du challenge à relever, certain que les bonnes jambes allaient finir par venir. Comme souvent ...
J'ai respiré à plein poumon le levé du jour magique, lorsque l'ombre envoutante des crêtes devient lumière, lorsque que la fraiche rosée vient nous lecher les chevilles ... J'ai senti également mon genou droit venir cogner une lame rocheuse affutée, dans la descente qui suit le col des Lacs ....
Le ravito du refuge des Arolles est bienvenu. C'est l'heure du grand RV avec sa Majesté le Mont Blanc, tant attendu .... La tête à trés envie, les jambes sont toujours à la traine, mais je suis parfaitement dans mon timing. Je tape une nouvelle fois le genou dans la délicate descente sur le Lac de St Guerin. Pourquoi aujourd'hui ???
Il y a beaucoup de monde au passage de la passerelle, nous sommes trés encouragés. Mais pas de trace de Danièle. Je me dis qu'elle a du se rendormir et profiter du copieux petit déjeuner Au prés du nant, aprés notre départ matinal. Pas facile d'accompagner ces bargeots de trailer.