Je l'avais pourtant préparé sérieusement cette Restonica, à étudier le parcours, tester le matériel, les chaussures, à enchainer les séances de bosses avec bâtons, à aller gouter la caillasse sur l'Ultra de Haute Provence, multiplier les massages de mes pieds à la crème NOK . Dans la tête j'avais accepté l'idée de ne pas courir beaucoup, de subir la technicité du terrain, de prendre le temps. Finalement rien de s'est déroulé comme j'aurais souhaité ... J'ai vécu un petit moment d'enfer et pour la première fois j'ai dû me résoudre à bâcher. Je suis bien sur un peu déçu de ne pas être allé au bout. Mais pas trop finalement parce qu'au-delà de la course j'aurai passé de super moments en Corse, en compagnie de Thierry ... Nous avons été bichonnés tout au long du WE par Hélène et Damien puis accueillis bars ouverts par la joyeuse équipe du THK UTHK, Charly, Véro, Yannick, Nathalie et Morgane qui ont eu la gentillesse de nous faire une petite place tout confort dans leur camp de base ...
C'était chaud bouillant Jeudi soir sur le cours Paoli. Il y avait beaucoup de monde sur les terrasses, beaucoup de monde sur la place de la Mairie pour assister au départ de l’Ultra Trail di Corsica … Dans la foule j’ai pourtant eu l’improbable surprise de retrouver le père Didier, jeune retraité postier, en vacances dans le secteur avec son épouse Emmanuelle. Le monde est petit, FB fait le reste … Le cliquetis des bâtons et la mélopée des souffles saccades aura vite fait de nous éloigner de l'effervescence de Corté pour nous plonger au cœur de la nuit ...
1200m de positif pour se mettre dans le rythme, sur un sentier étroit, raide et technique. Je me débrouille vraiment comme un manche avec les bâtons et plusieurs fois j'ai failli embrocher le pauvre Snoopy qui était callé juste derrière moi ... Thierry a embrayé a un rythme plus soutenu après le premier ravito d'El Padule. Je suis reparti sur un tempo tranquille, jouant au yoyo suivant l’inclinaison de la pente avec l'inséparable duo Charly - Yannick ...
La nuit s'est plutôt bien passé, les conditions météo étaient impeccables et le parcours très agréable ... Beaucoup de caillasse déjà, des passages techniques bien sur, mais rien d'insurmontable. Je menais mon petit train train lorsque j'ai eu la désagréable sensation d'être accroché par des épines en frôlant un buisson, deux aiguillons violents au niveau du poignet ... Rien d'anormal lorsqu’on gambade dans le maquis Corse, je n'y ai pas prêté plus d'attention que cela. Puis alors que nous arrivions au bout de la nuit, sur une section facile au milieu des vaches, ma cheville droite est à nouveau parti en vrille ... Là j'ai enragé, je m’en suis voulu d’être parti sans strapper, trop confiant après le sans faute du Mont d’Or deux semaines plus tôt. Il a fallu que je stoppe quelques minutes le temps que la douleur s'estompe avant de poursuivre cahin caha dans la longue plongée sur Calacuccia.
Charly et Yannick m'ont retrouvé en bas et nous avons trottinés ensemble sur le bitume autour du lac pour rejoindre le 3ème ravito ...
Il était temps de se poser un instant, de se délester de la frontale, faire un peu de ménage dans le sac et profiter d'une table bien garnie, notamment avec du fromage et de la charcuterie locale ... excellent. Nous sommes repartis ensemble à l'attaque du gros morceau de la journée, le fameux Monté Cinto. J'avais mis en route une petite foulée pour entamer l'ascension sur un gentil bitume. Mais les copains m'ont rapidement rappelés ... C'est sur la gauche qu'il fallait prendre, et là changement de rythme instantané, marche obligatoire pour tous ...
En attrapant mes bâtons j'ai compris qu'il y avait un bug. Mes doigts et l’avant-bras droit étaient gonflés, c'était douloureux de serrer les poignées et plus encore d'appuyer ... Bizarre. La dessus, alors que je lambinais à deux à l'heure, j'ai chopé un point de coté sur la gauche. Lié ou pas ??? Je me suis appliqué a bien respirer, j'ai bien tenté de m'arrêter, rien à faire ... ce foutu point de côté m'aura accompagné toute le reste de la journée, en montée comme en descente. A ce moment, même si je peinais déjà pour suivre Yannick et Charly le moral était encore au top, le cadre magnifique, la compagnie des copains réjouissante et je ne doutais pas un instant de terminer la balade.