J'étais passé il y a quelques jours par le coté pile du Grenchenberg et je n'avais de cesse depuis de connaitre le coté face. Par Moutier puis par Court c'est plus court mais aussi plus raide. Les 15% par moment pour aller à 1350 m. ne sont pas faciles mais la route est petite et belle, le vent souffle dans les arbres, ça sent la mousse et je n'ai rencontré hier aucune voiture. Il y avait des chevaux et des vaches sur la route ; ces animaux sont chez eux et les bouzes aussi. La route passe au moins une fois par la cour d'une ferme et avec l'humidité se charge de bien crotter la machine.
J'avais la journée pour moi. je continuais vers Bienne, sans voir le lac, pour emprunter le col de Pierre Pertuis. Circulant sans gps et sans cartes, et pour ne pas douter trop longtemps, il m'arrive de demander mon chemin. C'est un pays magnifique dans lequel se parlent plusieurs langues et où même le français passe parfois pour un idiome étrange tant les expressions, et la logique nécessaire à une explication, changent de nos manières à nous. Il y a la Suisse vive et travailleuse et puis il y a la Suisse endormie. Pour la vallée industrieuse Lajoux c'est derrière la lune. Et pourtant qu'ils sont beaux et bien propres ces villages haut perchés de la Franche montagne !
Pour la première fois j'ai tenté de passer par la petite route qui part de Saulcy pour aller à Saint Brais. Ça descend vite comme dans un trou - on dit une "combe" en principe -, et c'est tortueux pour atteindre au fond le petit lac de Bollèment, sombre et étrangement calme, comme dans les histoires de sorcières de Wald Disney. Pour remonter sur la route de la corniche il faut encore un peu de force. Mais quand tout se prête à la contemplation, que personne ne pousse à vous faire exploser le coeur et que personne même ne sollicite votre attention pour des histoires de beau ou de mauvais temps, la force se trouve dans cette joie simple d'être là.
Au final j'aurais pédalé 150 km avec 2500 m de dénivelé. J'étais parti de Courtavon propre pour retrouver le point de départ un peu crado mais pas trop, et avec le bénéfice d'une sérénité retrouvée. J'aime bien l'automne.