PBP le mythe pour les cyclotouristes

Cela faisait 20ans que j'étais émerveillé par les exploits de Jacky à ces différents PBP.
Ces anecdotes avec entre autres 3 heures de sommeil en 3 nuits me paraissaient d'un autre temps : il faut être fou pour se faire tellement mal mais j'admirais déjà ces cyclos qui ont réussi une telle aventure et surtout dans des conditins dantesques comme en 2007.
Les années ont passées et mes sorties hebdomadiares s'allongent .Cependant les 2 diagonales de France réalisés avec Jacky ont été un frein dans les grandes distances : de ces 2 périples je me souviens encore de la difficulté de m'asseoir sur la selle après les 300km et ce mal de genoux plusieurs jours après l'aventure sans compté cette monotonie sur le vélo.
Bref je ne pensais pas un jour m'inscrire sur le PBP.
Et puis Jacky et Raymond étaient partant pour refaire le PBP. Poucet annoncait aussi son intention de le réaliser en 2011.Et comme çà je me pris au jeu sachant que plusieurs personnes du CCK étaient intéressés.Donc fin 2010 dans ma tête je me mis l'idée d'essayer les différents brevets qualificatifs et si tout se passais bien m'inscrire au PBP.
200km à Besançon sous la pluie et avec le vent ...pas très réjouissant.
300km à Besançon sous le soleil et avec de bonnes sensations..génial.
400km à Belfort en passant par la Suisse...un bon moment de convivialité.
600km à Mulhouse avec les copains...encore de la pluie et une petite élongation du tendon d'achille et une maléole gonflée? = premier doute pour PBP mais les vacances sont déjà posées et je ne vais pas faire la tafiote.
Voilà nous sommes le 21 Août et sur le site de Saint-Quentin en Yvelines j'en prends plein la tête entre les personnages au style grand SDF et les italiens au look raffinés, pour les machines c'est pareil : des randonneuses sur mesure, des vélos carrénés et même un vélo tout chromé venu de Seattle.Le PBP est vraiment un grand rassemblement de tout les genres; une vrai mégalopole du vélo.
Après trois heures d'attente sous le soleil je rate de peu le deuxième groupe où se trouve Jacky, Raymond et Gilles.
Stress dès le départ car je me retrouve seul CCK avec déjà 20 minutes de retard sur les copains.
Sur la ligne de départ je suis parmi les premiers et voyant tous ces spectateurs je réalise enfin que NOUS Y SOMMES et l'émotion m'envahie.
TOP DEPART: je suis vite dépassé par une centaine de cyclos qui prennent des risques pour se mettre derrière la voiture ouvreuse.Je tiens maintenant ma place et lorsque la voiture s'écarte les chevaux sont lancés.Je ne suis pas en tête du groupe mais je participe énormément aux relais pour faire progresser mon groupe assez rapidement.Au km60 la vue d'un cyclo jonchant sur le macadam la tête ensanglantée calma mes ardeurs mais je ne m'étonnais pas de la scène car des gens prennet des risques: c'est RIDICULE il reste plus de 1100km..Au km90 mon groupe arriva sur un autre où j'étais content d'appercevoir Jacky.Plus tard s'était le premier ravitaillement-la plus belle tablée était celle du CCK-où Poucet et Raymond étaient sur le point de finir leur magnifique plat de pâtes.Je partais tout seul car je prenais plus de temps pour m'alimenter et me préparer.
La première nuit se passa correctement et jusqu'à Loudéac j'étais seul CCK.A partir de ce contrôle où j'ai rattrappé mon retard sur Raymond nous allons roulé un bout de chemin ensemble.Jusqu'à Brest je prenais souvent le relais sauf dans les descentes.Arrivé à Brest à 20h03 le stress commençait à m'envahir: quand est-ce qu'on va DORMIR?
On s'interroge et comme le sommeil n'est pas là on décide d'atteindre Carhaix à 80km et de dormir là-bas mais lors de la montée du Roc Trénenez à tour de rôle Raymond et moi nous endormissions sur le vélo et au village de Sizun nous décidions de nous reposer qq minutes.Nous posâmes nos vélos dans le parc de l'église et nous nous allongeons sur un banc de pierres mais un briut infernal étaiit émis par des sortes de corbeaux perchés dans l'arbre du cloître.Je fermais tout de même les yeux en espérant trouver le sommeil mais un flash intense dirigé vers mes yeux me sortait de ma torpeur-merci au caméraman: un scoop vaut mieux que la quiétude d'un cyclo usé par la fatigue!
Raymond et moi décidons de repartir et sous une brume épaisse nous atteignons le sommet de Roc Trevenez.Descente jusquèà Carhaix sur route mouillée car il avait plu depuis peu n'est-ce pas Poucet?
On arrivait à Carhaix vers 2-3h au moment oû Poucet terminait sa sieste et s'apprêtait à partir.La toile de tente était dressée et l'intérieur était en partie mouillé après l'averse qui s'était abattue sur Carhaix un peu plus tôt. Raymond et moi tentions de dormir mais se fut encore un échec .Résultat 5 minutes de dormi en 2 nuits-CHIOT..
Nous allions prendre un petit déjeuner au contrôle ravitaillement et vers 6h du matin nous reprenions notre route les yeux dans le coltard et au lever du jour nos trajectoires devenaient de moins en moins rectilignes.
La suite dans un instant.....

Un peu plus loin, au premier ravitaillement avec couchages j'imposais à Raymond une halte couchage de 1 heure.Sans conviction il s'allogeait à côté de moi . Au bout de 20mn je l'entendais toussouté; il n'arrivait pas à dormir comme moi d'ailleurs .Résultat peut-être 5 minutes de sommeil pas plus et nous partimes .Ces 5 minutes de sommeil était les plus chères de ma vie car un couchage au PBP coûte 4 euros (ramené à une nuit de sommeil j'aurais pu me paye une suite).
Après Loudéac j'ai eu une contracture à la cuisse gauche et à Tinténiac je me fis massé car chaque montée était douloureuse.
Je décidais de rester encore qq minutes allongé et congédiais Raymond.
Je me retrouvais donc maintenent tout seul.Je pris mon temps jusquèà Fougères car je ne pouvais pas forcer dans les montées.Dans un village je m'arrêtais dans une banque pour retirer de l'argent et en sortant je tombais nez-à-nez avec Michel le lorrain.Il me raconta son parcours jusqu'ici et me décria ses problèmes de genoux.C'est donc deux éclopés qui se trainaient sur 10km et à cet instant Michel était plus touché que moi car je ne le voyais plus et je m'inquiétais sur sa réussite du PBP.
Début de la troisième nuit et étape la plus dure pour moi entre Fougères et Villaines la Juhel.Au début je pris plaisir dans tous ces villages traversés.Au premier village déjà les gens criaient pour nous proposer gratuitement café,thé,chocolat et gâteaux.J'acceptais leur invitation avec plaisir et cet arrêt fût mémorable: des gens accueillants,émerveillés par ce qu'on réalise...Après un long échange je repartis rebooster par temps de gentillessse.Et les villages suivants j'aurais pu avoir les mêmes échanges mais je refusais de m'arrêter histoire de quand même avancer....Au fil de la nuit le profil de l'étape était plus vallonné et l'arrivée jusqu'à Villaines la Juhel était interminable...J'aurais aimé voir la tente CCK et les copains Maurice et Christian mais ils étaient en assistance pour Jacky qui en avait plus besoin que moi.Arrêt très long pour me restaurer et enfin dormir-résultat 2 heures sur un banc du ravitaillement et réveillé par la froideur humide .Départ assez lent (au fait plus de contracture ?) et vers 5heures panne d'éclairage-batterie de ma Sigma vide et plus de pile pour ma Cateye-et oui je pensais revoir la camionnette CCK plus tôt pour faire le plein de piles neuves.Donc je décidais de m'arrêter sur un banc et d'essayer de dormir à nouveau en attendant le levée du jour.Impossible de bien dormir car j'avais froid et donc 1h30mn plus tard je pu repartir.A partir de ce moment là et avec le soleil chauffant mon allure s'accéléra jusqu'à Dreux.Ayant retrouvé des jambes je me mis pour objectif d'atteindre l'arrivée en moins de 71 heures .Vent dans le dos j'étais régulièrement à 30km/h.
Plus que 25km et crac comme un couteau planté à chaque fois que je pliais mon genou gauche.Impossible d'aller plus loin.Si proche du but c'est pas possible...
Un sympathique allemand m'aida dans mon désarroi: il me donna sa crême Voltarène et me proposa de me pousser jusqu'à l'arrivée, chose qui me parraissait invraisemblable maiss incère de la part de cet homme.Avec l'aide d'un local je pris la direction d'une pharmacie où de l'ibuprofène et une bombe refrigérée me furent prescrit.Cette médicamention me permit de tourner les jambes mais je ne forcais plus sur les 20 derniers km où l'allure était proche des 14km/h...
L'arrivée sur le dernier rond-point je l'attendais tellement.La foule m'applaudissais mais au lieu de leur rendre leur sympathique accueil je baissais la tête dans mon guidon car j'étais sur le point de fondre en larmes tellement j'étais soulagé de franchir cette ligne après de telles souffrances.

Le PBP une folle expérience.
Mon corps a souffert et souffre encore après 3 jours(mal au tibia gauche depuis l'arrêt???)
72h39 dont 45h pour le retour je pense que j'aurais pu faire un meilleur temps si...
A l'arrivée j'avais dit plus jamais mais après réflexion et tout ces bons souvenirs de ce mythe je ne sais pas car c'est une chose à faire et à refaire .
En tout cas je suis ravi d'avoir atteint cet objectif et la fête est totale car les 6 CCK sont arrivés au bout.
Merci à tous et surtout à nos accompagnateurs qui devaient gérer les énormes écarts entre nous 4 et à chaque ravitaillement j'ai apprécié votre tranquille dévouement.Chapeau à vous deux d'avoir tenu ces 80heures.

Félicitations Philippe ....

Que d'émotions en lisant ton CR , tu es allé le chercher au bout de toi-même ce défi... et en plus ... prêt à recommencer !!! c'est un ... ...

Remets toi bien

Bises
Fleur de Lune

schwarzi a écrit :

.Vent dans le dos j'étais régulièrement à 30km/h.

Le PBP une folle expérience.
Mon corps a souffert et souffre encore après 3 jours(mal au tibia gauche depuis l'arrêt???)
72h39 dont 45h pour le retour je pense que j'aurais pu faire un meilleur temps si...
A l'arrivée j'avais dit plus jamais mais après réflexion et tout ces bons souvenirs de ce mythe je ne sais pas car c'est une chose à faire et à refaire .
En tout cas je suis ravi d'avoir atteint cet objectif et la fête est totale car les 6 CCK sont arrivés au bout.
Merci à tous et surtout à nos accompagnateurs qui devaient gérer les énormes écarts entre nous 4 et à chaque ravitaillement j'ai apprécié votre tranquille dévouement.Chapeau à vous deux d'avoir tenu ces 80heures.

Philippe .......... et bien , toi aussi , un sacré PBP à lire ton résumé ....

Bon, je met des " smileys " qui rigolent ... mais je sais à quel point , tu n' a pas rigoler sur ces heures de souffrances imposées à ton corps pour aller au bout de ton défi personnel ....

C' est la plus belle victoire ............ que d' arriver au bout de son rêve ......... et BRAVO à toi aussi , comme à toute l' équipe CCK , d' une telle réussite collective et individuelle ... sur ce PBP 2011 .

BRAVO PHILIPPE ...................

Philippe,
Bravo, encore une fois, vous êtes allé au bout de vous même corps et mental. Ces épreuves me dépassent et force mon admiration.

Repose toi bien, soigne tes blessures et à bientôt

Hé oui Philippe, beaucoup d'émotion quand on passe cette ligne d'arrivée et même avant, plus on se rapproche de ce rond point, quand on se dit que maintenant quoi qu'il arrive on ira au bout en rampant s'il le faut mais on ira au bout
Je ne nous voyais pas arriver de bonne heure quand nous avons fait un bout de route ensemble, j'ai même douté un instant même si je ne voulais pas envisager l'abandon, je me demandais comment j'allais pouvoir faire toute cette distance qui nous séparait de l'arrivée de cette façon, en tous cas je ne pensais pas te redoubler.
Tu as pu récupéré depuis ton arrivée Les "petits" bobos sont partis

A un de ces jours au bord de mer ...