Imprimer les messages du sujet "Un peu d'histoire"


Imprimer cette page Fermer cette fenêtre

Posté le 04/11/2009 à 19h54 par Christine

L’histoire de ce mont pelé et aussi attirant qu’inhospitalier, se perd dans le brouillard des temps. Si l’on manque de repères précis concernant l’évolution de sa robuste constitution, une date situe l’une de ses premières rencontres avec l’homme.

Le 27 juin 1889, un rude comtadin, François Blanc, se présenta à l’état-civil de Bedoin pour y déclarer son fils, Philippe.
Le préposé à l’enregistrement dut s’y reprendre à deux fois.
- Lieu de naissance ?
- Au sommet du Ventoux...

Depuis le 19 octobre 1884, François Blanc, agent météorologique, vivait avec sa jeune épouse dans une annexe de l’Observatoire dont la construction s’acheva en 1890. Pendant cinq années, il mesura la force des vents, la hauteur des neiges et des degrés centigrades au rythme de six relevés journaliers qu’il transmettait, en morse, au central de Carpentras. Ce 27 juin 1889, le « faire-part », il était descendu le déposer, lui-même, à la mairie de Bedoin.

Là-haut, son fils y vécut un an, après quoi, la petite famille regagna des altitudes plus fréquentables. Retraité en 1943, celui que l’on appelait familièrement Philippe Ventoux Blanc s’était retiré à Buis-les-Baronnies d’où il pouvait, par temps clair, contempler la pierraille austère qui lui avait servie, symboliquement, de berceau.


L'AUTOMOBILE À L'ORIGINE DE SA RENOMMÉE

Entre temps, les rampes d’accès, tracées à la serpe dans les flancs boisés du mont, avaient humanisé l’accès à un sommet que l’homme n’eut de cesse de vaincre. Dès 1902, l’automobile en fit son terrain de jeux et d’essais privilégié. La course de côte concoctée par l’Automobile Club Vauclusien devint le plus long et le plus prestigieux des circuits européens.

A travers vignes, massifs de cèdres, bois de chênes, hêtres et pins, de crêtes arides en combes traîtresses, des milliers de pilotes (américains, néo-zélandais, australiens, allemands...) et la célèbre Gordini bleue de Maurice Trintignant, coururent sur l’échine du Géant de Provence, avalant vingt-et-un kilomètres, cent virages et 1 600 mètres de dénivellation, parfois en moins de dix minutes (1969 - Schetty sur Ferrari). Bedoin empestait le ricin dans une extraordinaire ambiance de kermesse où le décibel crépitait, sans souci du danger latent.

Jusqu’à ce 20 juin 1970, un samedi consacré aux essais et qui, soudain, se crêpa de noir. En bout de ligne droite, dans le premier lacet de Saint-Estève, la Lotus du belge Willem, lancée à plus de cent à l’heure, s’enroula autour d’un arbre. Le Ventoux qui, un siècle plus tôt, avait donné vie, venait d’allonger la liste tragique de ses morts, randonneurs déboussolés, promeneurs inconscients, vététistes intrépides ou coureurs casse-cous.

Sur ses pentes pierreuses, crevassées et pelées, blanchi par l’alternance du feu et du froid, le Ventoux dora un peu plus son nom avec l’avènement de la bicyclette de course. Le Tour de France et le Critérium du Dauphiné Libéré en consolidèrent le renom. Charly Gaul (1958), Raymond Poulidor (1965), Eddy Merckx (1970), Bernard Thévenet (1972), Jean-François Bernard (1987), Marco Pantani (2000) et Richard Virenque (2002) hissèrent la Grande Boucle sur son sommet. Sans dommage en ce qui les concerna.


IL Y A QUARANTE ANS...TOM SIMPSON

Mais le Ventoux, débonnaire dans la léthargie estivale peut, comme les grappes de vipères qui truffent ses sous-bois, cracher du venin. Ceux qui ont toujours couru en paix avec l’éthique sportive, l’ont escaladé à leur main, à leur rythme, sans que soit mise en danger leur intégrité physique. D’autres n’ont pas su (ou pu) gérer la fournaise et les conditions parfois dantesques dans lesquelles la course ahanait.

Premier sujet britannique à porter le maillot jaune du Tour de France, Tom Simpson fut, un jour de juillet 1967, terrassé par l’effort. A mi-pente, dans un désert de caillasses, chauffé par un ciel de feu, il rendit les armes. A terre une première fois. Remis en selle puis poussé par des spectateurs. Titubant, le regard absent, les jambes à l’abandon, au sol une seconde fois. Pour de bon. Tom Simpson, dans un état comateux, disait adieu au Tour. Et à la vie.

A l’hôpital d’Avignon, on ne put que constater les dégâts. Reste une stèle, en pleine ascension, que ses proches viennent fleurir régulièrement.

Christine

Posté le 05/11/2009 à 13h35 par gaillard

Christine,
merci de te faire le reflet de cette actualité qui demeure, pour moi, envers et contre tous, d'une grande proximité. A tel point que je peux aisément te dire que la flèche du relais, sur ta photo, fait porter mon regard sur un lointain qui n'est pas loin de sentir le nougat.

Posté le 06/11/2009 à 06h53 par jmk

A propos du Mont Ventoux; la stèle Tom Simpson tout le monde la connait , mais connaissez vous aussi les deux autres stèles beaucoup moins médiatisées qui sont placées par très loin de celle de Tom Simpson?

En mémoire de qui ces deux autres stèles ont elles été érigées?

Je vous laisse un peu deviner.

Pour moi,à chaque montée du Montée du Ventoux ou plutot lorsque j'en redescends , je ne manque jamais l'occasion de faire un petit arrêt à ces 3 stèles!

Jmk

jmk

Posté le 06/11/2009 à 12h22 par VieuxBridou

jmk a écrit :
A propos du Mont Ventoux; la stèle Tom Simpson tout le monde la connait , mais connaissez vous aussi les deux autres stèles beaucoup moins médiatisées qui sont placées par très loin de celle de Tom Simpson?

En mémoire de qui ces deux autres stèles ont elles été érigées?

Je vous laisse un peu deviner.

Pour moi,à chaque montée du Montée du Ventoux ou plutot lorsque j'en redescends , je ne manque jamais l'occasion de faire un petit arrêt à ces 3 stèles!

Jmk


N' Y a t 'il pas ,un peu plus bas une Stèle belge inaugurée en 1979 destinée « aux cyclotouristes et cyclosportifs pour leur courage et leur volonté de vaincre ».

et aussi une autre stéle à l' Honneur de PIERRE ou PETER KRAEMER...........je suis plus sûr du Prénom!!!

...............PascaLamoulinette..................................................@@@@@

Posté le 06/11/2009 à 16h59 par gaillard

"Quand on me parle de culture, je sors mon révolver" disait Goebbels. Moi, c'est plutôt quand je vois un uniforme que mes idées divergent, en matière de stèles.

Pour répondre au dernier de mes soucis, si je n'ai jamais daignié m'attarder sur celle de l'infortuné tricheur britannique, c'est à celle du "Le Gaulois" que j'ai consenti mettre pied à terre. Mais je ne suis point parvenu à retrouver ce qu'il était advenu à cet homme qui aurait très bien pu être un "canard", car le journal "Le Gaulois", jadis, fut un grand quotidien.

A présent, venons-en à ce qui me préoccupe bien davantage : les combats du maquis et les morts qu'il ne s'en relevèrent pas.

Le Wikipédia m'apprend que c'est un lieutenant-colonel - Philippe Beyne - du 15-2 qui en était à la tête, avec un effectif voisinnant les 1 000 hommes. Que 353 tombèrent au combat, que la ville de Sault s'est vu décerner la croix de Guerre, quand la ville de Beaumes-de-Venise verra 53 maquisards fusillers... pour l'exemple, selon la formule consacrée.

Je ne sais s'il s'en trouvaient en possession de vélo ; ce que je sais, c'est que la roue tourne, et que la mémoire ne retient pas toujours ce qui est important de ce qui est accessoire.

Ca m'a pris une minute pour dégager une autre minute. Une consacrée seulement à me taire et observer... le silence de ce "no man's land" tout de pierres constitué.

Posté le 06/11/2009 à 17h02 par jmk

VieuxBridou a écrit :
jmk a écrit : A propos du Mont Ventoux; la stèle Tom Simpson tout le monde la connait , mais connaissez vous aussi les deux autres stèles beaucoup moins médiatisées qui sont placées par très loin de celle de Tom Simpson?

En mémoire de qui ces deux autres stèles ont elles été érigées?

Je vous laisse un peu deviner.

Pour moi,à chaque montée du Montée du Ventoux ou plutot lorsque j'en redescends , je ne manque jamais l'occasion de faire un petit arrêt à ces 3 stèles!

Jmk


N' Y a t 'il pas ,un peu plus bas une Stèle belge inaugurée en 1979 destinée « aux cyclotouristes et cyclosportifs pour leur courage et leur volonté de vaincre ».

et aussi une autre stéle à l' Honneur de PIERRE ou PETER KRAEMER...........je suis plus sûr du Prénom!!!

Tu as tapé juste, Pascal , ça se voit que tu es un habitué de ce haut lieu, mais je ne pense pas qu'à l'allure où tu y passes tu as bien le temps de contempler ces stèles; en tout cas pas lors des Masters séries du Ventoux!

Petite précision concernant la stèle dédiée à Pierre Kraemer, surnommé "Le Gaulois" à cause de ses moustaches; ce cyclo émérite des Audax Paris si je ne me trompe, a connu un destin tragique au Ventoux ; tout comme Simpson il y laissa la vie un 2 avril 1983 ; surpris par une tempête de neige en ce début d'avril il y périt de froid à l'emplacement de cette stèle commémorative appelé Col des Tempêtes; on ne le retrouva que bien plus tard;mort tragique sans doute mais oh combien épique ; sa passion pour ce sommet mythique l'a fait entrer dans la légende du vélo!
Je ne manque jamais d'avoir une pensée émue pour ce cyclo en gravissant ce sommet mythique.
Comme quoi le géant de Provence est un col redoutable,,plus encore que par sa dénivelée et ses pourcentages impressionants, par les conditions météos extrêmes qu'on peut y rencontrer, passant de l'extrême chaleur caniculaire, aux tempêtes de neige et de bourrasques venteuses à plus de 100kmh justifiant pleinement son nom de "Ventoux"

Jmk

jmk

Posté le 07/11/2009 à 10h37 par gaillard

"le géant de Provence est un col redoutable"

Un col blanc, à défaut de col bleu, ne s'y retrouverait pas, car, jusqu'à preuve du contraire, j'ai déjà défendu ce qu'il convient de définir sous ce terme : passage étroit entre deux montagnes.

PS : certes mon Audax n'est pas parisienne, encore que la Coupole rende Immortel, mais, plus prosaïquement, il convient, à vélo comme sur Internet, d'appeler un chat un chat. Merci, quand même, d'avoir éclairé ce "Le Gaulois", dont même le "Méli-Vélo" de Paul Fournel ne dit mot.