Je ne coures pas bien vite mais mon rythme étant un poil plus rapide, je remonte la file de frontales en sautant de grappe en grappe pour rester dans un champ de vision correct. En même temps j'ai la cafetière qui bouillonne a fond, je ne me vois pas passer toute la nuit comme ça. De toute façon je n'aurai probablement pas assez d'autonomie, même en mode éco ... Que faire ??? Quémander des piles au prochain contrôle ??? Bof, ça fait vraiment cake ...
Cahin caha j'arrive ainsi au premier point d'eau et je tente la solution miracle ... Je ressort la Ferei, démonte le câble d’alimentation sectionné et je branche le batterie en direct sur la lampe. Pas possible de mettre un tel binz sur la tête, mais à la main ça le fait bien ... Ouf, sauvé par le gong. Je peux repartir avec un vrai phare à la main et l'effet est immédiat sur le moral autant que sur les yeux !!!
Il me faudra 3 h pour rejoindre le premier ravitaillement à La Cousteix après 21 km de course. Il y a encore pas mal de monde regroupé à ce moment. Les tables sont bien garnies, je fais le plein de la poche à eau et ne m'attarde pas ... Ces quelques minutes auront suffis a me refroidir, je ne suis pas loin de grelotter en traversant une prairie humide d'ou s’échappe une brume légère. L'idée de passer le coupe vent m'a traversé l'esprit, mais il aurait fallu s’arrêter , défaire le sac, etc .. Le temps de réfléchir a tout ça et je m'étais déjà réchauffé.
Le balisage était très bien fait, bien placé, bien visible. Il y avait deux carrefours un peu douteux (malveillance ???) mais à chaque fois je suis tombé sur des petites troupeaux qui avaient dégrossi l'affaire. Et donc pour une fois je n'ai pas perdu de temps !!!!
Dans la nuit je me souviens de la traversée d'une petite rivière tumultueuse, sur des pierres savonnettes en s’agrippant a un câble tendu entre deux arbres ... Chaud chaud cette affaire avec la frontale à la main, dérapage non contrôlé garanti, le popotin a baigné plus tôt que prévu !!!
Un peu plus tard c'était bien moins drôle sur une large piste toute droite, toute plate, interminable ... Heureusement les jambes tournaient bien et cette portion a bien fait remonter la moyenne pour arriver à La Tartière (ça ne s'invente pas !!!) pour le second ravitaillement à l'heure ou le soleil se lève, et toujours parfaitement dans le timing prévu.





C'est là, perplexe, que j'ai aperçu un concurrent avec une simple ceinture porte bidon ... En réalité, compte tenu du matos obligatoire très light (mais suffisant) imposé et des nombreux ravitaillements et points d'eau, c'était tout à fait jouable. En assumant le fait de n'être pas conforme au règlement pour ce qui concerne la réserve d'eau et la pénalité qui aurait pu (du) s'en suivre.
C'est après que nous devions trouver la fameuse section “into the wild” ... Un petit vallon encaissé, une rivière capricieuse dont on suit globalement le cours tout en traversant régulièrement, passant d'une rive à l'autre sur une trace de sanglier (qui a fait le sanglier ?) grimpant à l'arrache sur un versant abrupte, puis l'autre ... J'ai vite compris qu'il était vain de vouloir garder ses pieds au sec et je me suis vraiment bien amusé sur ce passage. Avant de plonger sur le Lac et de découvrir les premiers points de vue sur le superbe Château de Val ...




Le drop bag qui nous attendait à Beaulieu était parfaitement justifié et bienvenu. Nous étions alors à mi course (km 56) et j'étais pointé en vingtième position. Là j'ai pris tout mon temps pour me sécher, repasser une couche de Nok, enfiler des chaussettes propres et remplacer les Cascadia trempées par mes vieilles Hoka Rapanui dont l'amorti assure toujours en dépit des nombreux kilomètres encaissés ... Puis passer a la table ravito pour refaire les niveaux solides et liquides ... J'ai perdu quelques places dans l'affaire, mais c'était je pense une bonne stratégie.